N'attends pas pour vivre ta vie!

N'attends pas pour vivre ta vie!
Crédit: Lorraine Derocher
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English version below

De temps en temps, j’aime regarder des vidéos de personnes expertes qui nous donnent des conseils sur divers sujets, comme la cuisine, la psychologie ou la santé. Il y a quelque temps, j’ai découvert la chaîne Bob and Brad, deux physiothérapeutes qui m’ont aidée à mieux comprendre les concepts liés à la douleur, à l’entraînement physique et autres. Leur humour rend ces sujets complexes beaucoup plus accessibles.

Dernièrement, j’ai appris que Bob était décédé. En écoutant le témoignage de son fils à cet effet, j’ai été profondément touchée. Ce dernier racontait comment son père saisissait toutes les occasions de faire preuve de générosité. La chaîne YouTube de Bob and Brad a été créée à partir d’une idée de Bob qui voulait aider le plus de gens possible. Aujourd’hui, elle compte plus de cinq millions d’abonnés.

Selon son fils, un des messages que Bob a voulu transmettre aux gens tout au long de son parcours, c’est « N’attends pas pour vivre ta vie ! ». C’est ce message fort qui m’a inspirée dans la rédaction de cette lettre.

Plusieurs des enfants oubliés ont perdu leur enfance, ou du moins, n’ont pas vraiment vécu d’enfance. Dans « Ces enfants oubliés », je souligne qu’ils ont connu une « enfance d’adulte ». Après avoir quitté leur milieu, certains ont tendance à rester dans cet état transitoire, où ils refusent de s’engager pleinement dans la vie. Ils attendent d’être guéris, d’être mieux, d’avoir un emploi convenable, un conjoint ou une conjointe, ils attendent…

Cela me fait penser à ma chère amie Annie, qui a attendu une greffe du rein, pour vivre. Littéralement. Pour survivre, elle s’est éloignée de tout ce qui faisait jadis partie intégrante de sa vie pour être attente d’un rein. Heureusement, elle en a finalement reçu un. Toutefois, en raison de complications médicales, elle se trouve actuellement dans un état critique, oscillant entre la vie et la mort. Elle est prise au piège, ne sachant plus si elle doit continuer d’espérer la vie ou accepter le départ. Quelle tragédie.

Je suis allée la visiter dernièrement et dès que je l’ai aperçue, j’ai su qu’elle ne voulait plus attendre et qu'elle choisissait la vie. Avec ses jambes paralysées, elle s’est mise en tête de trouver un moyen, même artificiel, de pouvoir à nouveau marcher. Elle n’attend plus. Chaque seconde compte, et elle les respire à pleins poumons.

Cette situation me fait également penser à Véronique, une enfant oubliée, qui a cessé d’attendre elle aussi. Mais différemment. Sa route trop pénible devait avoir un terme. Malheureusement, elle a choisi de donner raison au désespoir en actualisant elle-même son départ. Quelle tristesse.

Il est Ă©trange que trois individus, devant le destin humain de la finitude, rĂ©agissent diffĂ©remment face Ă  l’impermanence de l’existence humaine. Chacun a choisi diffĂ©remment de la vivre. Cependant, j’ai envie de donner raison Ă  Bob : n’attends pas pour vivre. Ne remets pas ta vie Ă  plus tard. N’attends pas après les autres. N’attends pas après toi-mĂŞme. N’attends pas. N’attends plus.

Aujourd’hui même, maintenant, après avoir lu cette lettre, décide de vivre les prochaines minutes comme tu l’entends. Même si tu souffres ou que tu as de la douleur, même si tout n’est pas encore réglé, accepte ta condition telle qu’elle est, mais choisis la manière de la vivre.

Je vous laisse donc sur les mots de Bob qui m’ont parlé au cœur dans cette vidéo où son fils lui fait un hommage des plus touchants. Vous verrez que jusqu'à la dernière minute, il a choisi d'être généreux.

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Ce que la recherche en dit

  • La rĂ©silience, ce concept créé par Boris Cyrulnik, est cette capacitĂ© de rebondir devant l'Ă©preuve. Les personnes qui ont vĂ©cu des enfances très difficiles, dont celles qui ont vĂ©cu en milieu sectaire, sont très rĂ©silientes.
  • Le dĂ©sespoir vient assaillir plusieurs personnes qui ont vĂ©cu leur enfance en milieu sectaire au point oĂą les recherches ont dĂ©montrĂ© que les tentatives de suicide au sein de cette population sont plus frĂ©quentes que les moyennes recensĂ©es.
  • Le tabou qui existe autour des questions religieuses, spĂ©cialement dans les sociĂ©tĂ© laĂŻques ou sĂ©curalisĂ©es, freine cette population Ă  parler de leur histoire et Ă  se confier. La mĂ©connaissance du phĂ©nonène et le manque de comprĂ©hension viennent ajouter aux dĂ©fis que cela peut supposer de quitter un milieu sectaire et d'intĂ©grer une sociĂ©tĂ©.

Don't wait to live life!

From time to time, I like to watch videos of experts giving advice on various topics, such as cooking, psychology, or health. A while ago, I discovered the Bob and Brad channel, two physical therapists who helped me better understand concepts related to pain, physical training, and other topics. Their humor makes these complex subjects much more accessible.

Recently, I learned that Bob had passed away. I was deeply moved by his son's testimony. He recounted how his father seized every opportunity to show generosity. The Bob and Brad YouTube channel was created from an idea Bob had to help as many people as possible. Today, it has over five million subscribers.

According to his son, one of the messages Bob wanted to convey to people throughout his life was, “Don't wait to live your life!” It is this powerful message that inspired me to write this letter.

Many of the forgotten children lost their childhood, or at least did not really experience one. In my book “Ces enfants oubliés”, I emphasize that they experienced an “adult childhood.” After leaving their family environment, some tend to remain in this transitional state, refusing to fully engage in life. They wait to be cured, to get better, to find a suitable job, a spouse, they wait...

This reminds me of my dear friend Annie, who waited for a kidney transplant in order to live. Literally. In order to survive, she distanced herself from everything that was once an integral part of her life while she waited for a kidney. Fortunately, she finally received one. However, due to medical complications, she is currently in critical condition, hovering between life and death. She is trapped, no longer knowing whether to continue hoping for life or to accept her departure. What a tragedy.

I went to visit her recently, and as soon as I saw her, I knew she didn't want to wait any longer. With her legs paralyzed, she set her mind on finding a way, even an artificial one, to walk again. She is no longer waiting. Every second counts, and she is breathing them in deeply.

This situation also reminds me of Véronique, who also stopped waiting. But in a different way. Her painful journey had to come to an end. Unfortunately, she chose to give in to despair.

It is strange that three individuals, faced with the human destiny of finitude, react differently to the impermanence of human existence. Each chose to live it differently. However, I want to agree with Bob: don't wait to live. Don't put your life off until later. Don't wait for others. Don't wait for yourself. Don't wait. Don't wait any longer.

Today, right now, after reading this letter, decide to live the next few minutes as you see fit. Even if you are suffering or in pain, even if everything is not yet resolved, accept your condition as it is, but choose how you want to live it.

I leave you with Bob's words, which spoke to my heart in this video where his son pays him a most touching tribute.

What research says

  • Resilience, a concept created by Boris Cyrulnik, is the ability to bounce back from adversity. People who have had very difficult childhoods, including those who have lived in cults, are very resilient.
  • Despair overwhelms many people who grew up in a cult environment, to the point where research has shown that suicide attempts among this population are more frequent than the average.
  • The taboo surrounding religious issues, especially in secular societies, prevents this population from talking about their story and confiding in others. Lack of knowledge about the phenomenon and lack of understanding add to the challenges of leaving a cult environment and integrating into society.