Joyeux Noël... Vraiment??

Noël! Fête de la lumière, de l'amour, de la joie! Jour de festivités où rien n'est assez beau! Jour où l'on décore nos demeures - à l'intérieur comme à l'extérieur - pour signifier que l'hiver est bien arrivé. Noël, jour où l'on émet à nos proches les plus beaux souhaits.
Noël, jour de l'aumône et du partage où l'on donne un peu plus que d'habitude aux personnes moins nanties, où l'on a une pensée pour les personnes vulnérables et souffrantes. Noël! Jour où les chrétiens du monde entier commémorent la naissance, la venue de celui en qui ils croient: choeurs, concerts de musique sacrée et célébrations religieuses marquent cette fête élégamment célébrée.
Noël, c'est aussi le jour de la famille où grand-parents, oncles et tantes, cousins et cousines se revoient au son de la musique et au goût des recettes d'antan. Et bien sûr, Noël c'est la fête des enfants où les petits ouvrent enfin les présents tant désirés.
Le Noël des enfants oubliés
Mais ce Noël-là, est-ce le Noël des enfants oubliés?
Comment se vit Noël aujourd'hui pour quelqu'un qui a appris dès le jeune âge qu'il s'agit d'une fête mondaine qui a perdu son vrai sens religieux? Qui n'a pas pu chanter des cantiques de Noël à l'école comme tous les autres enfants? Qui n'a pu faire de cadeaux, ni en recevoir? Comment réagit-on maintenant? Est-ce qu'on rejète en bloc tout ce qui a été appris pour en profiter au maximum ou tout au contraire, on demeure amer de ce passé douloureux?
Comment se vit Noël aujourd'hui pour quelqu'un qui a vécu des cérémonies religieuses ou spirituelles empreintes de sacré? Qui a appris la musique et chanté les plus beaux chants religieux? Qui a quand même vécu une certaine intériorité? Comment réagit-on? Est-ce qu'on se réfugie chez les moines ou entre en méditation afin de reconnecter avec un certain divin? Ou si plutôt on préfère rejeter toute religiosité?
Comment se vit Noël aujourd'hui pour quelqu'un dont les parents le considèrent comme un traître, une impie ou autres termes disgracieux? Ou pire, lorsque ces derniers proscrivent tout contact. Comment vit-on Noël quand on est un «orphelin de parents en vie » (Ces enfants oubliés, p. 76)?
Je pense à Mylène qui, dès qu'approche minuit le 24 décembre, va s'étendre en souhaitant dormir jusqu'au 26 décembre. Ou encore à Jasmine qui reste en pyjama toute la journée en regardant des petits bonhommes à la télé jusqu'à temps que ça passe. À Jean-Michel qui s'appuie sur sa conjointe pour transmettre la tradition à son enfant n'ayant aucun repère de cette fête. Je pense à Daniel qui va à la messe de minuit (à minuit) dans une paroisse de campagne pour retrouver un peu l'odeur de l'encens de son enfance. Et je pense à Louise qui va chez les moniales en tentant de retrouver la spiritualité qu'elle vivait à l'adolescence.
Je pense aussi à Johane qui se sent toujours maladroite lorsqu'elle reçoit des amis, à Jean qui ne sait jamais trop comment réagir dans les fêtes de bureau, et à Suzanne qui tente de cacher sa tristesse derrière un faux sourire. Je pense à tous les enfants oubliés qui finalement, vivent cette fête dans la solitude.

Alors voici mon souhait pour vous, les enfants oubliés. Je vais vous souhaiter non pas un joyeux Noël, mais un Noël joyeux, un Noël heureux. Pour certains, un 25 décembre où l'amour de vos proches actuels viendra panser les plaies de votre orphelinage. Pour d'autres, un 25 décembre où le présent sera plus fort que la nostalgie. Mais pour tous, je vous souhaite de vivre cette journée le plus possible dans la joie.
Alors si vous rencontrez un enfant oublié, avant de lui souhaiter Joyeux Noël pensez-y deux fois, peut-être pourriez vous lui souhaiter un Noël... joyeux!!
Merry Christmas... Really?
Christmas! Festival of light, love and joy! A day of festivities when nothing is beautiful enough! A day when we decorate our homes - inside and out - to signify that winter has arrived. Christmas, the day when we send our best wishes to our loved ones.
Christmas, a day of almsgiving and sharing, when we give a little more than usual to those less fortunate, and spare a thought for the vulnerable and suffering. Christmas! A day when Christians the world over commemorate the birth and coming of the one in whom they believe: choirs, sacred music concerts and religious celebrations mark this elegantly celebrated holiday.
Christmas is also a family day, when grandparents, aunts and uncles, cousins and friends get together to enjoy the music and recipes of yesteryear. And, of course, Christmas is the children's day, when the little ones finally open their long-awaited presents.
Christmas of the forgotten children
But is this the Christmas of the forgotten children?
What is Christmas like today for someone who was taught from an early age that it's a worldly holiday that has lost its true religious meaning? Who didn't get to sing Christmas carols at school like all the other kids? Who didn't get to give or receive presents? How do we react now? Do we reject everything we've learned in order to make the most of it, or do we remain bitter about this painful past?
What is Christmas like today for someone who has experienced religious or spiritual ceremonies imbued with sacredness? Who has learned music and sung the most beautiful religious songs? Who has experienced a certain interiority? How do we react? Do we take refuge in a monastary or meditate to reconnect with a certain divine? Or do we prefer to reject all religiosity?
What is Christmas like today for someone whose parents consider him or her a traitor, a godless person or some other disgraceful term? Or worse, when they forbid all contact. How does one live Christmas when one is an “orphan of living parents” (Ces enfants oubliés, p. 76)?
I'm thinking of Mylène who, as soon as midnight approaches on December 24, goes to bed wishing she could sleep until December 26. Or Jasmine, who stays in her pyjamas all day, watching comics on TV, until it's over. To Jean-Michel, who relies on his spouse to pass on the tradition to his child, because he has no reference to this holiday. I'm thinking of Daniel who goes to midnight mass (at midnight) in a country parish to rediscover the scent of incense from his childhood. And I'm thinking of Louise, who goes to the nuns in an attempt to rediscover the spirituality she experienced as a teenager.
I'm also thinking of Johane, who always feels awkward when entertaining friends, Jean, who never quite knows how to react at office parties, and Suzanne, who tries to hide her sadness behind a false smile. I think of all the forgotten children who, in the end, live this holiday in solitude.

So here's my wish for you, the forgotten children. I'm not going to wish you a Merry Christmas, but a Happy Christmas. For some, a December 25th where the love of your current loved ones will heal the wounds of your orphanhood. For others, a December 25 where the present will be stronger than nostalgia. But for all of you, I wish you to live this day as joyfully as possible.
So if you meet a forgotten child, before wishing him or her a Merry Christmas, think twice, maybe you could wish them a... Christmas that is Merry!